L’année 2018 semble bien être une année faste sur le front de l’emploi, les entreprises faisant part d’une intention de recrutements en forte hausse. Mais paradoxalement, elles auront bien du mal à mettre la main sur des profils en particulier. Et cela coûtera cher à l’économie dans un horizon un peu plus lointain.
Des projets de recrutements en hausse pour l’année…
En collaboration avec le Credoc, Pôle Emploi a réalisé une enquête auprès des entreprises françaises. Le but : connaître leurs intentions de recrutement. Et le résultat est on ne peut plus encourageant pour l’économie et les Français puisque le nombre de projets d’embauches est en nette hausse à +18,7%, soit une progression nette de + 370 000 par rapport à l’année 2017.
Les employeurs devraient alors s’adjoindre les services de plus de 2,3 millions de personnes cette année contre 1,97 millions l’an passé.
En comparant les données avec les années précédentes, la santé du front de l’emploi s’impose comme particulièrement bonne : +8,7% en 2016 et 2017 et +5,1% au cours des années 2015 / 2016.
L’autre nouvelle de l’étude est l’aspect pérenne de ces intentions d’embauche puisque 65% des nouveaux postes porteraient ainsi sur des emplois non saisonniers, soit des CDI et des CDD de plus de 6 mois. En termes de secteurs d’activité, celui des services aux particuliers mais aussi des services aux entreprises concentrent à eux seuls près de 66% des projets de recrutements.
Des profils manquent à l’appel
L’enquête de Pôle Emploi et du Credoc met toutefois en évidence un paradoxe fort : les entreprises éprouvent la plus grande peine à mettre la main sur les bons candidats. Sur les candidats disposant du bagage de connaissances techniques suffisantes pour les postes à pourvoir.
Ainsi, plus de 44% de ces projets de recrutement s’annoncent spécialement difficiles et complexes contre un peu plus de 37% l’an passé et seulement 32% en 2016.
Le secteur de la construction illustre parfaitement ce décalage entre projets de recrutement en hausse (+37%) et pénurie de main d’œuvre. Les métiers en tension dans le secteur sont ceux de charpentiers, de couvreurs ou encore de régleurs.
Dans l’industrie également, les entreprises connaissent des difficultés à atteindre leurs objectifs de recrutement avec des métiers tels que ceux de chaudronniers, carrossiers et tuyauteurs.
Mais cette tendance se retrouve en réalité dans la quasi totalité des pans de l’économie avec des postes aussi variés que :
- chef de rang dans la restauration
- kinésithérapeute en centre hospitalier
- aide soignant
- auxiliaire de vie
- ambulancier
- agent de voyage
- analyste programmeur
- ingénieur BTP
- développeur informatique
- ingénieur en électronique
Cette pénurie de main d’œuvre sera même plus criante sur un horizon un peu plus lointain. Le cabinet Korn Ferry, spécialisé en gestion des talents et des organisations, prévoit ainsi que la France manquera de 1,5 millions de salariés qualifiés et hautement qualifiés d’ici à 2030. A l’arrivée, l’économie française payera très cher la note puisque cela devrait lui coûter non moins de 175 milliards d’euros de pertes.